samedi, juillet 23, 2005

La tristesse apparente des psychopathes

Est-ce que les psychopathes ont des moments de dépression?


Pour les psychopathes, on ne peut pas parler de dépression classique puisqu'il ne peut y avoir référence aux interdits, ni culpabilité. La dépression du psychopathe est plutôt d'ordre narcissique, et le passage à l'acte en est une composante. L'histoire du psychopathe est faite d'histoires qui sont en plein dans la réalité et dans le principe de plaisir, en dehors de tout interdit et de toute culpabilité. La mythomanie est une façon de gommer la réalité pour l'aménager, la transformer. La construction psychopathique se distingue de la construction psychotique. En effet la psychose n'aura pas besoin d'éléments extérieurs: elle reconstruit et crée tout son monde, ce n'est pas une adaptation. Chez le psychopathe, on ne retrouve pas la logique du paranoïaque, la longue et fine construction de son délire. La construction du psychopathe touche les éléments ponctuels et les transforme, les embellit pour passer à d'autres par la suite. On retrouvera à la fois des aspects hystériques, paranoïaques, des passages à l'acte, choses que l'on ne voit pas ensemble dans aucune autre maladie (accès au dossier " psychose état-limite névrose ").

Le psychopathe utilisera 6 principaux mécanismes de défense :
  1. Le clivage en bon et mauvais objet, permettant d'éviter la confrontation du patient à son ambivalence affective. Cela lui évite l'angoisse et la dépression narcissique. Le mécanisme du clivage protège contre le sentiment d'incomplétude. La construction psychique du psychopathe ménagera un premier secteur adapté au milieu qui ne peut faire l'objet de blessures narcissiques et un deuxième secteur continuellement blessé. Le clivage lui permet de résoudre son angoisse interne et empêche la dissociation. L'intolérance à la frustration est une conséquence du clivage.
  2. L'idéalisation. Cela concerne les Objets externes qui doivent apparaître comme étant parfaits, hors de portée de tout risque de destruction, destruction que le sujet lui-même pourrait en fait causer. Il y a méconnaissance de toute agressivité envers ces Objets, qui alimentent aussi une gratification narcissique. Quand un psychopathe se rend compte que l'Objet en question n'est pas si parfait que ça, la relation casse. Il y aura une tension entre ces deux extrêmes que sont l'Objet parfait et l'Objet mauvais.
  3. L'identification projective. C'est un mécanisme en rapport avec le clivage. Les images de Soi perçues comme étant mauvaises seront externalisées. Le psychopathe a une grande difficulté à établir les limites entre Soi et l'Objet, entre l'interne et l'externe, et ceci explique la fragilisation du Moi. Ces patients auront toujours besoin de contrôler l'Objet pour s'en protéger, et l'Autre sera donc forcément perçu comme dangereux.
  4. Le déni, concernant surtout les émotions. Les actes n'ont pas de valeur émotive. Le passage à l'acte existe en lui-même sans valeur interne. Il n'y a pas de déni de la réalité.
  5. L'omnipotence, en rapport avec le narcissisme exacerbé.
  6. La forclusion. C'est la séparation du sens et de la chose. Le signifiant est mis à l'extérieur. C'est une sorte de clivage concernant l'ensemble "Signifiant/signifié".

Le psychopathe a toujours besoin de tester, d'appréhender la réalité. D'une manière générale, il ne souffre pas, il n'a pas de demande. Ce sont les autres qui souffrent.

Source: Psychiatrie Infirmière